Ecole inclusive

  • Le 04/03/2022
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Dans mon école inclusive, il y a ...

Des élèves en situation de handicap ; des élèves pour lesquels la MDPH a estimé, après analyse du dossier complexe fourni par les parents, qu’ils avaient des besoins particuliers ; des élèves pour lesquels l’Éducation Nationale n’est pas actuellement en capacité de répondre à leurs besoins tels qu’ils ont été définis ; des élèves qui sont en souffrance dans des écoles qui ne savent, ne peuvent pas leur apporter l’aide dont ils ont besoin pour progresser et s’épanouir ; des élèves qui peuvent ressentir une souffrance telle qu’ils l’expriment très fort, de façon même violente parfois ; des élèves qui s’éteignent petit à petit de n’être pas pris en compte ; d’autres élèves qui progressent de jour en jour grâce aux moyens mis en œuvre par rapport à leurs besoins.

Des parents d’élèves qui ont fait un long cheminement pour accepter que leur enfant soit en situation de handicap et pour faire les demandes nécessaires afin d’obtenir de l’aide ; des parents d’élèves qui ont besoin d’être rassurés ; des parents d’élèves qui ont le droit d’avoir des professionnels face à eux en capacité de leur expliquer les besoins spécifiques de leurs enfants ; des parents d’élèves parfois en colère et découragés par un système qu’ils ne comprennent pas .

Des enseignants qui accueillent dans leurs classes de 30 élèves parfois des élèves en situation de handicap sans avoir eu de formation sur le handicap, sur les spécificités des besoins de ces élèves que l’on appelle bien à propos « élèves à besoins éducatifs particuliers » ; des enseignants qui différencient leurs approches pédagogiques pour s’adapter à chacun mais qui manquent de temps pour le faire autant qu’ils le souhaiteraient ; des enseignants qui se sentent démunis au quotidien face à des élèves qui de par leur souffrance les mettent à mal dans leur profession.

Des directeurs qui sur leur temps de décharge (quand il existe) envoient des mails, remplissent des dossiers, demandent de l’aide pour accueillir au mieux dans leurs écoles des élèves en situation de handicap ; des directeurs qui doivent expliquer à des parents inquiets et parfois en colère, à des enseignants démunis, qu’ils ne peuvent pas répondre aux besoins des enfants pour lesquels la MDPH a ouvert des droits ; des directeurs qui jouent parfois le rôle de tampon entre les différents intervenants autour de ces élèves sans avoir eu de formation pour gérer ce type de situation.

Des AESH dont la mission est d’accompagner des élèves en situation de handicap vers l’autonomie mais qui n’ont été formés qu’après leur prise de poste, en distanciel ; des AESH qui parfois se prennent des coups et des insultes ; des AESH qui sont payés au SMIC horaire pour un temps partiel imposé ; des AESH qui s’impliquent au quotidien pour chacun des élèves qu’ils accompagnent et font tout leur possible pour les aider parce qu’ils connaissent l’importance de leur mission ; des AESH qui sont parfois laissés seuls dans les écoles avec leurs problématiques.

Des ATSEM qui sont aux côtés des enseignants des écoles maternelles, qui s’occupent des élèves, qui aident dans les tâches matérielles, qui sont des personnes ressources primordiales dans les 1ères années d’école ; des ATSEM qui ont vu leurs missions évoluer avec l’école inclusive mais qui n’ont pas été formés pour l’accueil d’enfants en situation de handicap, à qui on n’a pas expliqué cette évolution de leur mission ; des ATSEM qui n’ont parfois plus le temps de réaliser leurs missions premières quand des élèves ayant des besoins particuliers les mobilisent toute la journée .

Des AESH référents et des coordonnateurs PIAL qui se sont engagés dans l’expérimentation PIAL persuadés que la professionnalisation des AESH, la gestion des besoins de façon plus localisés, la formation des AESH et des enseignants étaient une des clés vers la réussite de l’école inclusive ; des AESH référents et des coordonnateurs PIAL qui sont le plus possibles réactifs aux demandes d’aides de chacun mais qui parfois n’ont pas de réponses par manque de formation, par manque de crédibilité, par manque de temps ou par manque de moyens ; des AESH référents et des coordonnateurs PIAL dont les missions ne sont pas clairement définies pour les acteurs de la communauté éducative.

Des ERS et des Psychologues Scolaires qui étudient les dossiers de chaque élève en situation de handicap afin de mieux les accompagner ainsi que leurs parents ; des ERS et des Psychologues Scolaires qui s’occupent d’un nombre d’élèves toujours plus grand ; des ERS et des Psychologues Scolaires qui doivent parfois expliquer à des parents que le besoin de leur enfant pourtant défini ne pourra pas être pris en compte rapidement par manque de places ou de personnels.

Des IEN, des Référents Départementaux, des Conseillers Pédagogiques qui font au mieux chaque jour pour soutenir les équipes sur le terrain ; des IEN, des Référents Départementaux, des Conseillers Pédagogiques qui doivent parfois justifier des manques de moyens avec lesquels ils sont en désaccords ; des IEN, des Référents Départementaux, des Conseillers pédagogiques qui sont le réceptacle du désarroi et parfois de la colère de tous les acteurs de l’école inclusive mais qui n’ont d’autre réponse que la bienveillance qui tout aussi indispensable soit elle n’est pas toujours suffisante.

Dans notre école inclusive il y a toutes les personnes nécessaires et impliquées pour que des élèves en situation de handicap puissent être scolarisés, apprendre, progresser, se préparer à être des adultes autonomes,

mais dans notre école inclusive, il n’y a pas assez de moyens.

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