L'école de la confiance, on en parle ?

  • Le 19/09/2018
  • 2 commentaires

Dans le code moral du Judoka, trouvé dans le cahier d'emc de ma fille de 6e, je suis tombée sur cette définition : Le respect, c'est faire naitre la confiance...

J'en conclus que pour une école de la confiance il faudrait une école du respect. Mais le respect de qui ?

 

Avant tout, le respect des élèves.

Sommes nous respectueux de nos élèves lorsque nous leur faisons faire des exercices qui les mettent en échecs?

Sommes nous respectueux de nos élèves lorsque nous leur faisons faire la même chose à tous au même moment sans tenir compte de l'individualité de chacun ?

Sommes nous respectueux de nos élèves lorsque nous les faisons travailer dans des classes surchargées ? dans des classes surchauffées ? dans des écoles en travaux ?

Je crois que la réponse est non. Et pourtant, pour gagner la confiance de nos élèves, nous devrions les respecter. C'est ce qu'une majorité d'enseignants tente de faire au jour le jour je pense, par la différenciation, par l'écoute bienveillante, par la gestion des petits conflits du quotidien, par l'apprentissage et la transmission de savoirs aussi. Mais parfois nous sommes comme Don Quichotte avec les moulins.... Non soutenus, non aidés, nous ne sommes pas suffisants.

Ce qui m'amène au respect des enseignants.

Est-ce respectueux envers les enseignants de leur changer les programmes tous les ans, pendant les vacances scolaires et de leur demander de s'adapter de suite ? Est-ce ne serait-ce que cohérent ? On nous apprend qu'enseigner c'est programmer, planifier, anticiper ; ce que nous essayons de faire avec les moyens que l'on a. On fait des projets d'école, des projets de cycle, des parcours qui prennent en compte les programmes, des progressions de cycle qui s'appuient sur les résultats des évaluations nationales, ... Parfois même on retape les programmes pour mieux se les approprier ! Et puis on essaie pour certains de le faire début juillet afin de pouvoir profiter un peu des vacances avec ses enfants.... jusqu'à ce qu'on se rende compte que l'on doit tout recommencer car les programmes ont changé ! On doit par exemple écrire "calcul sans support de l'écrit" au lieu de "calcul mental". Cela n'a l'air de rien (on aurait presque envie de rire) mais cela veut dire reprendre ses programmations, reprendre son cahier de progrès, reprendre l'intitulé des évaluations, ... Pourquoi le fait-on alors, si on est conscients du manque de cohérence et de logique ? Parce que nous sommes fonctionnaires et c'est notre devoir, mais aussi parce que pour beaucoup d'entre nous nous sommes d'anciens bons élèves qui ont à coeur de faire tout ce qu'on leur demande. Ca c'est une qualité qui a bien été comprise et sur laquelle on sait s'appuyer ! Bon, par contre, les enseignants qui ne le font pas, en vrai, c'est pas bien grave, on leur fait une petite remarque et on les laisse tranquille....

Est-ce respectueux envers les enseignants de leur faire un livret de passation de consignes où il est écrit qu'ils doivent dire à leurs élèves "n'ayez pas peur, ce n'est pas grave si vous ne savez pas". Vraiment ? On n'y aurait pas pensé tout seul à rassurer nos élèves ?

Je pourrais continuer ainsi encore quelques lignes ... Mais ne vous y trompez pas, je ne suis pas contre les évolutions, je ne suis pas contre les évaluations nationales qui peuvent permettre un regard objectif à un moment donné, je ne suis pas contre les inspections, bien au contraire. Mais je suis pour une réflexion autour de tous ces points, une réflexion avec les enseignants et une réflexion logique, cohérente et soutenue par les moyens nécessaires.

J'ai choisi cette profession parce que j'avais confiance dans l'école républicaine. J'avais confiance en ses capacités, en ses ressources, en ses ambitions de réussite pour chaque élève. Il m'est difficile aujourd'hui de me rendre compte que je n'ai plus cette confiance dans l'école parce que je ne suis pas respectée dans ma fonction, dans mon professionalisme, dans mon investissement et parce que j'ai pris conscience que la seule volonté des enseignants passionnés ne suffit pas à mettre des élèves, leurs parents, la société, en confiance.

Comme pourtant j'y crois quand même encore un peu, je vous propose un petit moment d'espoir en écrivant en commentaire ce que vous vous feriez pour une école de la confiance, en un mot, une phrase, un smiley, un poème, un texte, ce que vous voulez mais faisons comme si l'école nous appartenait, à nous les enseignants passionnés et ambitieux pour leurs élèves...

Mon mot du jour, vous l'aurez compris, ce sera respect.

A vos claviers !

Commentaires

  • Poll Human
    Bravo pour ce billet, et oui, le respect doit être le fondement de notre conduite.
    Car nous sommes tous des majeurs (politiques mais aussi économiques) capables de participer à décider collectivement de ce qui est bien. Alors qui serait légitime à nous dénier le respect qui nous est dû ? Personne dans une vraie démocratie !
    Il faudra bien tôt ou tard arriver à ce que des décisions "horizontales" proviennent des producteurs eux-mêmes, et ne descendent plus "verticalement" de "décideurs" qui, sauf exception, ne connaissent rien à la production, et n'examinent les sujets qu'à travers le prisme de la "profitabilité", c'est-à-dire avec le souci invariable de casser le service public et les fonctionnaires, et de les remplacer par des boîtes à profit chargées de "formater" à un modèle d'individualisme forcené et totalement soumis.
    Œuvrons donc à la reconnaissance de notre majorité économique, à notre prise de pouvoir "horizontale" dans le souci du respect de chacun-e, et avec une confiance affirmée dans tout-e alter-ego !
  • Chhun
    • 2. Chhun Le 22/09/2018
    Rien à ajouter! Tout est dit...

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