Les élèves extraordinaires : remarques et questionnements

  • Le 11/10/2017
  • 2 commentaires

Je ne fais ce métier que depuis 10 ans mais cette année, plus qu'une autre, tout autour de moi et sur les forums, beaucoup de collègues sont dans des situations extraordinaires avec des élèves extraordinaires dans le vrai sens du terme. Alors aujourd'hui, j'ai eu envie de partager mes sentiments et mes questionnements face à ces situations.
 

Voilà ce que j'observe :

- Ces enfants extraordinaires sont des enfants en grande souffrance émotionnelle. Des enfants qui ne supportent pas le cadre, les contraintes, les autres, les adultes, le contact, les apprentissages, l'idée de grandir .... Des enfants pour qui la violence est un mode d'expression. Pas la violence réactionnelle, faisant suite à ce qui serait perçu par l'enfant comme une agression, mais la violence sans raison, ou du moins sans raison que nous, personnes ordinaires, ne pouvons percevoir.

- Ces enseignants qui les ont en charge sont des enseignants en grande souffrance émotionnelle. Des enseignants qui sont démunis parce qu'ils ne sont pas formés à gérer des enfants extraordinaires, parce qu'ils n'ont pas non plus choisi de s'occuper de ces enfants. Quand on choisit d'être enseignant, on sait qu'on n'aura pas des élèves modèles, sages comme des images; on sait que les enfants viendront dans notre classe avec leur histoire (et ça fait partie de l'interêt de notre métier) mais on ne sait pas que l'on va devoir faire le travail de spécialistes. Parce que les enfants extraordinaires, ils ont besoin de qui ? De spécialistes ! Ils ont besoin de quoi ? De soin ! Et nous, enseignants, malgré toute notre bonne volonté, toute notre énergie, on ne sait pas faire !!!!

- L'institution fait l'autruche et ne propose de solutions ni à ces enfants qui souffrent, ni à ces enseignants qui souffrent aussi.

Ne nous trompons pas, je trouve que l'inclusion c'est très bien mais pas quand elle est faite n'importe comment et pas à n'importe quel prix, pas au détriment du bien être de tous. Dans les situations que l'on vit, qui se sent bien ? Ne laissons pas tant de gens en souffrance au prix de nos idéaux. C'est à l'institution de proposer du soin pour ces enfants, un accompagnement pour leurs parents (qui souffrent aussi), des solutions pour leurs enseignants (je parle de solution institutionnelle et pas de solution pédagogique car ces enfants sont au-delà des réponses pédagogiques). Qu'attend-on ? Un enfant qui s'échappe d'une école ? Un accident ? Parce que comment institutionnellement on fait pour surveiller des enfants qui s'enfuient quand derrière on a 28 autres élèves qui nous attendent ? Comment on fait pour protéger les autres élèves quand un enfant s'en prend à eux sans raison visible et prévisible ?

Alors, j'adore mon métier, vraiment. J'aime être au contact des enfants tous les jours, j'aime essayer de leur apporter chaque matin un peu de bonheur d'être à l'école et des nouveaux savoirs et savoirs faire qui leur permettront de grandir et de choisir leur vie. Mais si ce métier change trop, si je dois m'occuper d'enfants extraordinaires qui ne relèvent pas de mes compétences et qui me font me sentir plus démunie chaque jour, je ne suis plus sure d'être capable de faire toute une carrière ainsi. Trop de souffrances et trop de responsabilités... Ca fait tellement mal au coeur de percevoir la détresse de ces enfants mais de ne pouvoir rien faire pour les soulager et d'en arriver à juste vouloir sauver sa peau....

Je voudrais jeter une bouteille à la mer (ou plutôt un billet sur un blog) pour dire "aidez ces enfants", "aidez nous à les aider". Nous faisons au mieux chaque jour avec tout notre coeur mais à 28 par classe, avec des programmes qui changent tous lees ans ou presque, des instructions qui nous tombent dessus à la dernière minute, l'absence de Rased, les procédures MDPH qui sont très longues, le manque de formation continue, on fait QUOI ?

Commentaires

  • Kmille82
    • 1. Kmille82 Le 20/02/2018
    C'est exactement ça ! Nous aimons notre métier, nous aimons nos élèves, et nous voulons les aider. Mais qui est derrière pour nous soutenir dans cette démarche? Des psychologues scolaires débordées, un réseau d'aide asphyxié, des listes d'attente interminables chez les spécialistes...
  • Dominique B
    • 2. Dominique B Le 17/10/2017
    Tout à fait d'accord... On nous demande de porter trop de "casquettes" et malgré tout l'amour que l'on peut avoir pour son métier, nous ne pouvons que nous sentir (de plus en plus) démunis..., pas soutenus, pas aidés non plus...

Ajouter un commentaire